mercredi 13 février 2008

Impénétrables

"Quand on veut, on peut ; et quand on peut, on doit" écrivait récemment une employée de Gandrange en citant Napoléon.

ArcelorMittal annonce des résultats 2007 dignes de l'industrie pétrolière. CQFD. Quand on peut, on doit !

ArcelorMittal confirme au passage son attachement à la Lorraine, en confortant le site de Florange et en reclassant les 600 personnes du site actuellement déficitaire de Gandrange concernées par la réorganisation de son secteur produits longs carbone.

Ce qui ne me convainc pas dans ce projet de réorganisation, c'est que je ne réussis pas à évaluer le caractère déficitaire sur le long terme de Gandrange. Le prix de la ferraille n'est pas un argument, puisqu'il est à peu près le même partout en Europe, et les sources de ferrailles sont nombreuses autour de Gandrange. Il n'y a bien que l'argument de gloutonnerie énergétique du four électrique que je ne saurais pas évaluer. J'ai hâte de connaître les arguments que présenteront les syndicats pour démontrer la viabilité de cette usine, avec 30M€ d'investissements.

Les voix de la comptabilité analytique sont impénétrables.

lundi 11 février 2008

A reclasser

Reclasser qqn

ADMIN. PUBL. Affecter quelqu'un (dans l'incapacité d'exercer son emploi) dans une nouvelle activité ou dans un nouveau poste, généralement en assurant sa reconversion. Reclasser des chômeurs, des handicapés physiques, des ouvriers licenciés; reclasser professionnellement qqn. Le plus souvent au passif. Être affecté à une nouvelle activité. Les « titulaires » (...) doivent obligatoirement être reclassés dans un autre service [à l'armée] (LUBRANO-LAVADERA, Législ. et admin. milit., 1954, p. 159).



Je trouve le choix de ce terme - constamment utilisé pour qualifier l'avenir des gandrangeois - étonnant.

Un emploi sera proposé aux salariés surnuméraires dans les alentours de Gandrange, dans le même groupe. Il seront donc mutés, non ? Pourquoi reclasser ? Pour insister sur l'aspect nouvelle activité ? Les électriciens vont devenir assistant ressources humaines ; les informaticiens, logisticiens ; les aciéristes, lamineurs ? ArcelorMittal peut se permettre de déplacer comme ça 600 emplois en une fois ? Non, pas totalement. Les sites environnants vont simplement commencer à limiter leurs embauches en prévision d'une partie de ces nouveaux arrivants, quitte à gérer ponctuellement des situations de sous-effectif en faisant appel à des intérimaires ou autres contrats à durée déterminée.

J'aime la parenthèse dans la définition (dans l'incapacité d'exercer son emploi). Au moins, ça ne précise pas l'origine de cette incapacité. "On ferme bientôt, là, vous serez incapable d'exercer votre emploi monsieur, mais on vous reclasse".

"Reclasse"... beurk ! Changer de classe de compétence. Les experts vont (re)devenir apprentis. Et donc détruire de la compétence acquise ?

Et malgré tout ça, il vaut mieux réorganiser ?

En même temps, c'est celui qui a relancé les hauts-fourneaux d'Hayange qui a pris cette décision. C'est sans doute moins pire que ce que ça aurait été si une direction générale française avait dû prendre cette décision ! A la place, ça ferait longtemps qu'aurait été ouvert l'institut universitaire d'Amnéville !

samedi 9 février 2008

mercredi 6 février 2008

Puisque je vous le disais !

Une dépêche AFP du 6/02 à 18h cite des propos de Jean-Pierre Raffarin sur i-Télé :

"Il nous faut travailler sur des outils financiers, dans le temps on avait la
Datar (ndlr: Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale)
pour les emplois, il nous faut une sorte de Datar financière aujourd'hui, pour
permettre de capter des capitaux mondiaux et d'investir dans les emplois
industriels chez nous"

Allez, les gars, au boulot !
Le plus dur, ça va être de débaucher les experts du domaine... qui sont aujourd'hui dans le privé !

Ne pourrait-on pas piocher dans la manne des brilliants X-Mines ? Ils ne doivent pas coter à trop cher du kilo de matière grise, si ? ;)

Pourquoi des X-Mines ? Pour savoir si une PMI vaut ou non la peine d'être soutenue, accompagnée, développée, et sans avoir l'expérience d'un industriel aguerri, il faut percuter vite pour comprendre le potentiel et les limitations des installations existantes. Et là, avant d'être financier, c'est technique, qu'on le veuille ou non. Dans le cas de Gandrange, comprendre la complexité du procédé de l'aciérie électrique - protoype qui devait éviter la phase d'affinage en poche - n'est pas donnée au premier business angel venu.

lundi 4 février 2008

Lune de miel

Vous vous souvenez Alstom ? Ca a marché [Comment on met des cédilles sur les "C" majuscules ? Je suis un maniaque des diacritiques, moi]. Pourquoi pas Gandrange ?

Nicolas Sarkozy préfère investir dans l'industriel que dans le social post-traumatique.
Que peut-on avoir à redire à cela ? Même la CGT locale est satisfaite.

Est-ce une manière pour ArcelorMittal d'obtenir des liquidités à bon prix, dans un marché du crédit en contraction, surfant sur la vague d'une période pré-électorale ? Pour un groupe aussi bénéficiaire, ce n'est pourtant pas une hypothèse à retenir.

De toutes façons, l'Etat a-t-il les moyens de jouer aux business angels ? Les fonctionnaires de Bercy vont devoir se former aux règles du jeu du capital-risque !

Ce serait pas mal, en vérité. Fonder un fonds souverain et reprendre des sociétés stratégiques en difficulté, par LBO adossé à une banque institutionnelle. Bruxelles serait d'accord avec ça ? Non, certainement pas ! Mais ce serait assez efficace pour, avec intelligence, mettre en oeuvre une politique industrielle volontariste.

Le hic c'est que ArcelorMittal n'est pas en difficulté, justement. Mais son site de Gandrange, oui.

Quelqu'un sait-il pourquoi le four électrique de Gandrange serait structurellement inefficace ?

samedi 2 février 2008

Gandrange

Le dossier chaud de la sidérurgie lorraine en ce moment, c'est la suppression de 595 emplois sur le site de Gandrange annoncée pour la mi-2009.

Le Président de la République Nicolas Sarkozy va venir, pour faire bonne figure, pour la forme, puisque, dans le fond, que peut-il y faire vraiment ? Les syndicats du site vont remettre d'ici deux mois, avec l'aide d'experts, une proposition de remise à flots du site. Le plan d'investissements proposé devrait rendre au site sa compétitivité.

Mais la sidérurgie est une industrie lourdement capitalistique. Les petits fourneaux ruraux du Grand Bon en avant font partie du décor des utopies enterrées. Je n'y connais rien, mais ce redressement va se chiffrer en multiples de 100M€, non ? Comment financer ça ? Je ne pense pas que ce soit la question à laquelle Nicolas Sarkozy a prévu de répondre lundi. Entre Alzheimer et le TGV, il va montrer sa solidarité, mais sont réellement ses moyens d'action ?

Elle n'est pas claire, cette fermeture. Le site n'est plus rentable, bon, mais pourquoi ? Et pourquoi le site de Duisbourg - où le carnet de commandes sera relocalisé - saura-t-il mieux faire ? Les installations sont plus performantes là-bas ? Pourquoi ne pas avoir investi ici ? Manque de compétences ?

Difficile de faire la lumière sur cette usine - qui était rentable et citée en exemple lors de l'opération de rachat d'Arcelor par Mittal Steel. Les effectifs ont fait le yoyo, les compétences se sont diluées, les rendements se sont dégradés, les coûts de maintenance ont divergé, les investissements n'ont pas suivi. Ca paraît un peu facile à expliquer, dans un groupe qui regorge d'experts techniques et de cadres compétents, en tout cas en dehors de Gandrange. Il manque de grosses pièces à ce puzzle. Quelle était la mission assignée au directeur de ce site ? Trouver de nouveaux marchés, de nouveaux débouchés ? En réduisant l'attention portée au pilotage opérationnel du site ?

Et qu'en pense le maire d'Amnéville, déjà très excité à l'idée d'attirer de nouvelles activités nobles, génératrices d'emplois intelligents sur l'ancien site Sidelor de Rombas ? La fermeture de l'usine de Gandrange, dans le prolongement géographique, peut lui donner de nouvelles visions pour sa ville !

Un nouvel épisode de la sidérurgie lorraine s'ouvre. Le premier chapitre est plutôt inquiétant, d'un style assez froid. Les personnages les plus convaincants ne sont pas ceux qui devraient l'être.

A suivre...

Ligne éditoriale - Réflexions

Bon alors, en résumé :
- le périmètre clairement défini, sidérurgie + Sarre-Lor-Lux, c'est bien
- être reconnu comme blogger indépendant avant de m'attaquer à la grosse part du gateau dans la région
- se lancer !